Devoir de Français - La vieille qui graissa la patte au chevalier Contrôle 1 Modèle 4 - Français 1ère Année Collège 1AC Semestre 2
La vieille qui graissa la patte au chevalier*
TEXTE INTEGRAL
Je vais vous raconter une histoire, à propos d’une vieille femme, pour vous amuser.
Cette vieille femme avait deux vaches, dont elle tirait sa subsistance. Un jour que les vaches étaient dehors, le prévoyant les trouva dans son pré. Ils le faisaient conduire dans sa maison. Quand la vieille apprit la chose, elle va le trouver sans plus attendre et le prie de lui faire rendre ses vaches. Elle le prie et le supplie, mais en n’y fait : le prévoyant reste sourd à ses supplications.
- Par ma foi, dit-il, belle vieille, vous paierez d’abord votre écot*, de bons deniers* sortis de votre pot.
La bonne femme s’en va, triste et abattue, la tête basse, la mine longue. Elle rencontre en route Hersent, sa voisine, et lui conte son affaire.
La voisine lui dit qu'elle doit aller parler au chevalier : il n’y a qu’à lui « graisser la patte » et il lui rendra ses vaches, sans lui demander rien d’autre. La vieille femme, ravie, rentre chez elle et va prendre un morceau de lard dans sa cuisine, puis se prépare à aller voir le chevalier.
Celui-ci se promenant devant sa demeure et il se trouvait qu’il avait mis ses mains derrière son dos. La vieille femme s’approche de lui par-derrière et se met à lui frotter la paume* de la main avec son lard.
Quand le chevalier sent à sa main le contact du lard, il se retourne et aperçoit la vieille femme.
- Bonne vieille, que fais-tu donc ?
- Sire, pour l’amour de Dieu, miséricorde*! On m’a dit de venir à vous et de vous graisser la paume : si je pouvais le faire, cela m’irait bien, mais je ne serais rendue toutes quittes*.
- Celle qu’à appris cette leçon entendait cette aventure ; mais tu n’y perdras rien pour autant. On te rendra tes vaches toutes quittes, et je te donnerai en plus tes deniers.
Les hommes riches et faux tirent la morale de l’aventure ; ils vendent leur parole et ne font rien honnêtement. Chacun se laisse aller à prendre, le pauvre n’a aucun droit s’il ne donne.
Anonyme, Fabliaux du Moyen Age